Lune 29

L'ATTAQUE


Le soir vient de tomber, Isabella est déjà au nord au point de rendez vous et tous les autres se préparent à partir au petit matin. Roger a tenu à prendre le plus long tour de garde, pour permettre à Orina et à Anatoli de se reposer.
Tout à coup, il entend un bruit, dans une toffe d'herbe haute, à quelques dizaines de pas, prudent, il fait d'abord à pas de loup le tour des tentes, s'assurant qu'il n'y a pas de piège et revient par la gauche vers la touffe d'herbe.
Est ce Raw qui se cache la dessous et essaie de le surprendre comme il l'a déjà tenté ?

Le guerrier, pour s'entrainer, essaie souvent de prendre en défaut la vigilance de Roger, ce qui permet au grand noir de renforcer son observation.

Pourtant, là, le bruit semble différent, comme un animal, prédateur, qui attend le bon moment pour jaillir de sa cache, peut être est aussi un parasite, qui attend le sommeil de tous pour aller s'en prendre aux réserves.

Roger est en train de s'approcher quand tout à coup, le sable se soulève, jailli, l'aveuglant. Un cri retentit, sous cette avalanche de sable ! Aveuglé, il titube, et tente un saut en arrière pour se préparer lui aussi à bondir sur son agresseur, il a déjà empoigné son solide gourdin noueux, mais il tombe lourdement, déséquilibré. Sa tête heurte une pierre affleurante, avec un " POC" bruyant, Roger roule sur le côté pour se relever. Il se croit déjà perdu quand une voix familière se fait entendre


Bordel , Roger c'est Raw !
Ca va ou quoi ? Bordel, tu saigne de la tronche ?

Roger se masse la tête, grimace en sentant la déchirure du cuir chevelu et en voyant ses doigts ensanglantés à la maigre lueur de la lune couverte. D'un pas mal assuré, il se dirige vers la tente de Nala, la jeune femme doit dormir, mais il saigne trop, elle doit regarder ça tout de suite, avant que le sable ne s'y mette

Raw, fini la garde, s't'eu plait, après c'est Mad qu'il faut réveiller.
T'en fais pas, hein, c'est moi qu'es con de m'èt' fait surprendre.



Le plan de travail


Les convoyeurs ont quitté la plaine eu Passage depuis deux lunes et si on peut encore la dictinguer au loin à l'ouest, tous savent qu'ils devront désormais progresser en plein désert. Les patrouilles de chasse sont revenues lourdement chargées les lunes précédentes, et même si les plantes soignantes sont très rares, tout le monde semble garde le moral. La pluie s'est mise à tomber, tandis que le temps maussade devient bien plus frais. Les voyageurs se rendent compte que l'hiver se rapproche et déjà les chasseurs prévoient de ramener les fourrures des bêtes tuées pour ne faire de solides pelisses.
La lune passée a été un peu étrange dans le camp, l'arrivée surprise de Lucky a étonné tout le monde, et Roger n'a pas paru content que le tatoueur n'ait pas suivi ses ordres, et encore moins que les dirigeants du PAssage lui tombent dessus à bras raccourci.
Le grand noir, est allé rejoindre son compagnon, a semblé lui passer un savon, mais a fini par lui donner quelques réserves, non sans lui en avoir pris plusieurs sacs.
Durant le restant de la lune tout le monde a semblé absorbé par sa radio et le soir, les veilleurs pouvaient entendre les crachottements des postes tournant à plein régime.
De toute évidence, les têtes brulées semblent avoir perdu la confiance des autres passagers, ceux restés à la cité, comme ceux qui les accompagnent pour l'expédition.

Roger donne les ordres, d'une voix sèche, ils ne doivent pas s'éterniser dans le désert. Ils doivent aussi vite que possible rejoindre Isabella qui a ouvert la route vers le Nord et se séparer de Lucky que Roger tient à tenir à l'écart du convoi principal.
C'est la dernière lune pour faire de belles réserves, et tout le monde doit se mettre au travail.

Bon, c'te lune, on a du boulot !
LEs chasseurs, Orina, Anatoli et Mad, vous allez vous y mettre ensembles, ram'nez les peaux d'vos captures, on en aura b'soin pour la suite !
Lucky et Lowe iront chasser d'leur côté avant d'partir, et nous donn'ront quelques réserves ! La mauvaise saison fait qu'commencer et j'pense bien qu'on souffrira d'la faim avant qu'elle s'termine !

Nala, dés qu'on a r'joint Isabella, tu vas avec Ma et elle pour chercher des plantes qui soignent, c'est c'qui va l'plus nous manquer et ce en quoi on va d'voir se rationner !

Moi j'irai avec Sai X, puiser, avec c'qui tombe on trouv'ra bien des mares, même ici dans l'désert !

Roger fait une fois encore le tour du camp, demandant à certains de construire des petites rigoles autour de leur tente, ou revérifiant l'empaquetage des réserves, s'assurant de leur imperméabilité.

Nala avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, elle avait écouté sa radio longtemps pour entendre les Passagers parler. La réponse de Striper lui avait fait froid dans le dos… Elle avait pris la parole, dévoilant presque ce qu’elle cachait si bien depuis longtemps, se forçant pour essayer qu’ils la comprennent, qu’ils comprennent le groupe, mais rien n’y avait fait…Elle aurait bien mieux fait de se taire, mais elle n’avait pas pu cette fois…Elle n’avait pas mangé la veille, bien trop occupée à ne pas croiser le regard de Roger sans doute en colère suite à tout ça. Il n’aimait certainement pas la situation dans la quelle le départ de Lucky les avait tous plongés, et il lui en voudrait sûrement de n’avoir pas su tenir sa langue et d’avoir jeté de l’huile sur le feu.

Finalement épuisée par tant de questions et de pleurs, elle s’était endormie depuis peu quand Roger entra la tête en sang. Dans un demi-sommeil, elle ne comprit pas tout de suite la raison de sa présence, elle se releva pour s’asseoir et remonter les genoux contre elle, les entourant de ses bras prise de panique. Et s’il état là pour qu’elle apprenne à se taire et s’il voulait… Les questions revenaient puis, ses yeux enfin habitués la nuit, elle le vit se tenir la tête. Elle sortit de sa poche une vieille boite d’allumette et en craqua une, le sang qui coulait de la plaie brilla à la lumière de la flamme vacillante avant qu’elle ne s’éteigne. Elle attrapa la main de Roger et sortit de la tente pour l’emmener à l’extérieur, à la lumière de la lune, elle verrait mieux la plaie.

La tête de l’homme était profondément entaillée, et le sang semblait ne pas vouloir s’arrêter de couler. Elle se demandait ce qui s’était passé mais ce n’était pas le moment de poser des questions, il fallait qu’elle nettoie la plaie, elle regarda autour d’elle sans trouver ce dont elle avait besoin. Finalement elle attrapa un bout de sa jupe qu’elle déchira, avec le morceau de tissu elle appuya sur la plaie pour que le sang coule moins fort. Elle prit la main de Roger qu’elle plaça délicatement sur le tissu, elle le regard, le guerrier tenait le choc sans broncher, habitué à la douleur.

"Je vais aller chercher de quoi nettoyer ça… Je sais pas comment tu t’es débrouillé mais c’est pas beau, et c’est profond aussi. Je crois que je vais devoir recoudre, mais je sais pas si on a de quoi faire… "

Elle s’en alla en courant vers les réserves pour prendre l’eau filtrée, en revenant elle rentra sous sa tente pour fouiller son sac et trouver de quoi recoudre Roger, comme on le lui avait appris, elle avait toujours une sorte de kit de survie. Le fil était un vieux fil de pêche qu’elle avait ramassé, et l’aiguille n’était pas faite pour recoudre une tête mais il n’y avait pas le choix. Elle resta un instant à se dire que ce serait la première fois qu’elle ferait des points de suture, et prit une grande respiration avant de ressortir et retrouver Roger qui n’avait pas bougé. Elle sourit en enlevant le tissu plein de sang et en regardant la blessure, il était fort, insensible à la douleur…

Elle déchira un autre morceau de sa jupe qu’elle imbiba d’eau pour passer sur le cuir chevelu du grand noir, le sang et l’eau mêlés coulaient le long de son visage. Encore un autre morceau de tissu pour essuyer le tout et elle sortit le fil et l’aiguille. Elle s’arrêta un instant et se mit à genoux pour regarder Roger.

"J’ai jamais recousu personne tu sais… Et vu la profondeur de ta blessure, je crois que ça va faire mal… Peut-être que tu veux que j’aille chercher quelqu’un d’autre ? Je veux pas te faire plus mal que tu n’as déjà… "

Et elle resta là devant lui, le regardant dans les yeux en attendant qu’il lui réponde…

Lucky et Lowe avaient repris vaillamment les chemins du désert; comme à chaque fois plein de rêves de gloire. Chaque dunes pouvant révéler des ruines oubliées ou quelques objets du vieux monde... Et les couchés de soleil du désert après une journée de marche. "Goûtez à la légèreté"

Ils avaient quitté le Passage comme des voleurs... Mais sans rien voler... Certain que le destin des tributs... Et surtout de leurs tribut, leurs associés... les Têtes Brulée ce jouait en ce moment même et ils ne pouvaient rester là comme des otages commerciaux... "Quand y'en a marre, y'a malabar !!!"

Les températures avaient chuté Lune après Lune laissant plus de loisir pour débusquer un peu de rosée à l'aube mais rendant la chasse ou la cueillette plus difficile. Le ciel était souvent noir même en pleine journée mais il ne pleuvait pas sauf la nuit ou des torrents coulaient du ciel pour s'enfoncer dans le sables, le laissant sec au matin. Les nuits était plus longue et plus froide encore que en été. "Mon club, ma forme"

Puis ce fut la désillusion. Leur initiative de quitter la Station de Transit du Passage avait été interprété comme une trahison. Roger ne les ménagea pas non plus leurs demandant de rentrer. Ni Lowe ni Lucky n'en avait envie. Pas que le désir de retrouver les personnages familiers du Passage les rebutait, ils les aimaient bien, les avaient accueilli... Mais en écoutant leurs fréquences rien ne leurs indiqua qu'ils furent autre chose que des passants, des nomades aux meurs louches, des personnes à contrôler.

Les idées développés par Lucky ne recevaient pas d'écho, ou des "pas comme çà", "plus tard mais différemment"... Ainsi si ils pensaient aller aidé leurs camarades qu'ils savaient surchargé à l'aller et qui le seraient encore plus au retour... Peut être que au fond ils savaient que eux aussi avait à bâtir quelque chose. Bâtir quelque chose selon leurs lois, leurs philosophie de nomades.L'étique nomade broyé par l'étique sédentaire devait avoir ses héros. Et c'était eux les héros : Roger le sage guerrier, la douce et étrange Nala, Madmartigan au langage franc et sans détour, Isabella la nymphomane du désert qui savait si bien soulager un hommes quant celui-ci était épuisé, Raw le solitaire toujours à frimer avec ces muscles devant les filles... Et les autres, toutes les tributs du désert... Qui refusaient d'être guidé par des hommes ou des femmes aux dessins impossible à déchiffrer. "Le futur, vous l'aimez comment ?"

En attendant les deux hommes n'avaient plus de tributs, ils devaient selon les lois ancestrales des nomades prouver leurs bravoure en traversant seul le désert jusqu'au point de rendez-vous tenu secret par le Boucher... Après. Rien n'était joué... Ce retrouvant en plein désert durant la saison froide, ils n'avaient d'autre choix que de foncer ce réfugier dans la foret du nord... Quoi qu'il s'y passe... Ils devraient arriver là bas au plus vite.

Lowe ne disait rien comme à sont habitude, bien trop heureux de contempler la désolation du monde qu'il savait si bien appréhender... Il souriait à Lucky, il était fort et Lucky savait que temps qu'il serait ensemble.. rien ne pourrait leurs arriver...

Il pensa un moment qu'il ce retrouverait bien dans la couche d'Isbella, sentir l'odeur forte des femmes nomades qui rationne l'eau, caresser sont corps qui avait ravis temps d'homme... Même si ses morsure rendez les petit matins assez désagréable..."Assurément humain"

Au loin ils pouvaient encore voir les autres.
Ils n'avait pas peur. Le désert était à eux.
"Un monde plus beau à portée de main"